Les Ailes Cognacaises, les instructeurs

Le post de Pierre VITTORI me remet en mémoire ....

Nous venons de décoller d'Ajaccio pour un feu sur la côte orientale , un peu surprit que nous soyons en l'air par un temps pareil car il tombe des cordes.

Après l'incontournable check après décollage , mise de cap au nord-est par la vallée de la Gravone en espérant passer par le col de Vizzavona qui doit se trouver vers 5000ft d'après mes souvenirs , pour ensuite dégringoler vers Ghisonaccia.

Les 2 Pratt et Whitney , réglés pour la montée économique soit 2400 t/mn et 37 pouces , ronronnent sans se soucier des litres d'eau qu'ils brassent et élèvent tranquillement les 5 tonnes 1/2 qui sont dans les soutes.

Les essuie-glaces tentent d'essuyer tandis que le CDB, toujours en place gauche , serre la partie droite de la vallée de façon à pouvoir faire 1/2 tour de son côté si besoin est.

En place droite votre serviteur , qui assure tour à tour le rôle de copilote , de mécano nav , de radio , de scribe car il faut noter tous les largages avec le nom du feu ( pour les comptes-rendus et la facture !); se rajoute la lecture des check-lists et il n'en manque pas (en plus des habituelles , se rajoutent " en vue du plan d'eau , avant écopage , après écopage , avant largage , après largage", le tout limité par les textes à 60 rotations par jour.

La sécurité extérieure n'est pas la moindre des tâches, et aujourd'hui notamment par rapport aux obstacles qui défilent à ma droite.

Je réajuste régulièrement la pression admission et écarquille les yeux.

Bien sûr, nous aurions pu faire le tour par la mer mais si ça passe, quel temps gagné !!

Et ça va passer car progressivement, au loin, vers Vizzavone , un petit triangle clair ; nous passons le col à quelques pieds , le temps de saluer quelques promeneurs courageux qui sont sans doute surprit de nous voir à leur hauteur.

Subitement, un autre décor ; en tant que vélivole et pilote, je savais ce qu'était le foehn , mais je n'avais jamais vu une transition aussi rapide.

Le ciel, encore un peu chargé par des cumulus déchiquetés de rotors, laisse apparaitre des lenticulaires ; la turbulence devient dure et je réduis la puissance pour ne pas fatiguer l'avion à 1800t/mn et 20 pouces ; cette machine n'aime pas le sous-couple et on s'arrange pour avoir toujours 2 pouces au dessus du 1/100 ème de tour sinon gare aux segments.

A gauche, mon ami André D.... , laisse doucement descendre le Canadair vers le niveau de la mer alors qu'apparait effectivement la fumée d'un bon feu attisé par un vent qui s'est desséché et réchauffé en quittant les montagnes.

Mais ceci est une autre histoire

Guy Plouchart

© SA RJ