Allons-y pour un petit souvenir, c'est une des activités des retraités !

Octobre 1969, toute fin d'après-midi sur le terrain de Rochefort-Soubise aujourd'hui fermé. Je suis en vol, seul à bord, sur le Stampe F.BBNY de l'Aéro-club Charentais, muni d'un bon casque en cuir et de quelques heures de vol, mon TT datant de l'année précédente, obtenu à Nîmes-Courbessac.

En tour de piste, devant moi, un MS733 de la Marine. Il passe en finale et je m'espace sans le perdre de vue d'autant plus que je ne dispose pas de radio , lui en a une et il doit être en contact avec ce qui tient lieu de tour (une petite construction activée à la demande pour une rare activité militaire Armée de l'air et Marine).

En finale, je le vois se poser et j'attends qu'il fasse son 1/2 tour pour rejoindre son parking en remontant la piste en herbe, le terrain ne disposant pas de TWY.

Le temps passe et rien ne se passe ! l'engin est immobilisé et le seuil approche même avec un Stampe que j'ai ralenti au mini de vitesse.

En désespoir de cause, je remets les gaz (on dit API aujourd’hui) et en faisant ma petite baïonnette, je m'aperçois au passage que le 733 est posé train rentré et arrêté à peu prés à mi-piste. Analyse assez facile de la situation car l'essence et l'heure ne me permettent pas de dégager sur Saintes.

La Rochelle est un peu plus prés mais je n'ai pas plus d'optimisme quant à la réussite de l'aventure, n’ayant pas de doc, pas assez de connaissance du lieu.

Donc, je dois me poser court, avant l'avion immobilisé, ce qui ne me perturbe pas trop ; pendant ce temps, une activité inhabituelle se met en place autour du blessé : secours, officiels, autorités diverses et le tout en voitures of course.

Je n'aurais jamais cru qu'à une heure aussi inhabituelle, tant de militaires surgissent à une vitesse pareille de je ne sais où.

L'espace disponible se restreint d'autant plus que, en dehors de la piste, le terrain est infesté d'ornières et de trous (anciens marécages) et donc tout le monde s'agglutine sur cette piste. L'espace d'un moment je pense à la bande planeur mais étant à peine suffisante en largeur pour le remorqueur, je rejette l’option.

Bon, il faut y aller avant que ce soit un champ de foire d'autant plus que personne ne doit penser que je suis au-dessus. Personne ? Si, au moins une car, lorsque je me présente en finale en peaufinant le badin et le point d’aboutissement, surprise : une fusée rouge !!. Premier réflexe, on repart, ensuite on réfléchit.

Mais la réflexion ne change plus rien au problème, il faut que je me pose là car il fait bien sombre et l'essence .... Deuxième présentation, 2éme fusée rouge, 2éme API. Bon, ça se complique. Il existe un règlement qui dit qu'un CDB peut déroger à une règle établie s'il le juge nécessaire pour des raisons de sécurité etc… ; mais à cette époque de ma carrière, les règlements.. les connais pas tous, et même maintenant ……ça coince parfois !!

Heureusement, bon sens ou tout au moins nécessité fait loi et je me représente avec.... une 3éme fusée toujours rouge ! Je me pose bien assez court, passe en roulant prés du 733 devant une double haies de personnages qui s'écartent avec curiosité ou indifférence pour me laisser progresser et je rentre au club.

Il fait presque nuit. Quelques instants après, le chef-pilote m'informe qu'il avait essayé de "plaider ma cause" auprès de la "tour" en quémandant le feu vert..sans succès Ah le parapluie, déjà à cette époque ! Je n'en ai jamais plus entendu parler mais depuis, j'ai toujours plus d'essence que ce que la loi oblige, le C/S m'inspire plus et j'ai toujours un minimum de doc dans l'avion même pour du local.

PLOUCHART Guy

© SA RJ