situation ; c’est sur ce violent coup de tabac que je me blesse à la tête en rencontrant le panneau hydraulique sur ma droite mais là n’est pas la priorité ; je pense que c’est également à ce moment là que le matériel à l’arrière a rompu ses amarres et s’est en partie brisé.

Bref, l’avion réagit enfin mais j’ai un mal fou à maintenir avec les moteurs un badin compatible avec les 120 kts recommandés en turbulence, ayant des échappées de + ou – 20 kts à 30 kts.

C’est à ce moment là que, dans l’interphone, le chef, sur, sur proposition du navigateur, consent à demander un cap sur le terrain le plus proche soit Solenzara. Dans la minute, le cap demandé est donné à l’estime. Comme par miracle, le temps s’améliore et nous passons progressivement derrière le front. En se rapprochant de la Corse, les moyens de radio- nav commencent à se réanimer et nous donnent enfin un relèvement Tacan ….. à quelques 10 degrés prés du cap initial !! et ce, après ¾ d’heures d’évolutions erratiques à basse altitude dans de très mauvaises conditions pour un navigateur (le GPS est encore loin)

Ce navigateur, espèce en voie de disparition, a été ce jour là d’un professionnalisme au-dessus de la moyenne. Il faut dire qu’il avait été instruit par une génération qui avait connu la guerre et donc une époque ou l’estime était une méthode de navigation extrêmement développée par la force des choses. Au contact avec l’approche de Solenzara, il y a d’abord un soulagement des 2 côtés ; la suite montrera qu’il y a eu une explication sérieuse avec le contrôle. Notre commandant d’escadrille nous demande d’annuler la mission et de rentrer à la base …pour débriefing !!

Mais en ce qui me concerne, il reste à vérifier l’avion au moins d’aspect extérieur : les gouvernes d’abord qui, sur le C47, sont entoilées ; pour le reste, alors que nous redécollons de Corse pour Nîmes, c’est en palier que je m’aperçois que l’avion à peut-être souffert.

En effet, les compensateurs de direction et d’ailerons ne sont plus aux mêmes repères qu’à l’aller, toutes choses égales par ailleurs. Pour un avion donné et une vitesse de croisière donnée, ces 2 compensateurs sont généralement à la même position étant entendu que les 4 réservoirs d’ailes sont constamment équilibrés, sauf …si la cellule à souffert entre temps.

Le contrôle effectué par les mécanos confirmera que l’avion à souffert mais qu’il reste dans les tolérances.

Mis à part une légère blessure, matériel cassé, et une belle frayeur nous nous en tirons bien.

Un autre C47 de notre escadrille, en avance d’une ½ heure sur nous, est passé au travers, en IMC certes mais sans notable difficulté.

Plus tard, comme pilote, je saurai me souvenir qu’avec des Cb, il vaut mieux ne pas jouer sur la chance et leur laisser gentiment la place mais encore..faut-il les voir !!

Guy Plouchart

© SA RJ